SYMBOLE DE PAIX NOURRISSANT, PAIN BIS OU PAIN BLANC
Les champs aux grains d’or exhalent une fine poussière
qui scintille dans la voûte céleste, et annonce
la parturition du pain, mission liminaire
qui perdure à travers les siècles. Le titre l’énonce.
La vie du grain est écourtée par la récolte,
métamorphosé en farine au teint éclatant.
La meule de pierre exécute sa volte
dans le moulin mû par l’énergie de l’eau ou du vent.
Avec Amour, le mineur blanc sculpte la pâte,
la poudre blanche humidifiée, salée.
Il la pétrit comme le navire qu’on mâte
avant de revêtir sa voilure et voguer.
Il enfourne soigneusement la barbotine.
Petite boule chaude, tu enivres la flaveur.
A ton parfum, on se lèche les babines.
Ce que tu incarnes, nous laisse rêveur.
En saison de famine, tu es pain de misère.
Pain du pauvre, tu revêts un symbole de valeurs.
Pour le partage et la multiplication plénière,
tu es le copain. Vivant, tu es le Sauveur.
Elément essentiel de la paix sociale.
La police des pains surveille ta corporation
et contrôle les prix à l’époque féodale
pour apaiser la faim de la population.
La panification illustre le désir ardent.
Le levain anime la pâte comme le souffle
anime le corps. Allégories découlant,
comme la toile peinte qu’on maroufle.
Galette à la nigelle de racine algérienne.
Pain de mie britannique. En Allemagne, le Bretzel.
Cia Bata d’Italie, Paratha Indienne.
Denrée aux multiples visages, universelle.
Que tu sois frit en Mongolie ou au Tibet
ou sec, réserve hivernale scandinave;
urbi et orbi, tu clames une certaine paix
d’humanité pour désenchaîner l’esclave.