L’INDIEN COURAGEUX A PRIS PEUR
Dans une forêt dense peuplée de serpents et de grands ours,
l’Indien dansait autour du feu brandissant sa hache.
Oïe oïe Ouh… Oïe oïe Ouh. Dans le ciel brillait la Grande Ourse.
Oïe oïe Ouh… Oïe oïe Ouh. Il sautillait avec panache.
N’importe quel autre Indien tremblerait comme une feuille,
dans le noir, seul, au cœur du danger sauvage.
Oïe oïe Ouh… Oïe oïe Ouh mais lui ne fermait pas l’œil.
Oïe oïe Ouh… Oïe oïe Ouh et frétillait avec courage.
Le feu crépitait dans le silence de la nuit.
Une chouette hululait par intermittence.
Ouh ouh… ouh ouh, l’indien s’arrêta sans faire de bruit.
Une branche avait craqué au loin, il stoppa sa danse.
Dans l’obscurité, il vit de petits yeux qui brillaient.
Figé, attentif, les oreilles percevant le moindre son.
Il sentit de l’électricité dans ses jambes qui tremblaient.
Son corps glacé était parcouru par de gros frissons.
C’était la frousse qui le rongeait petit à petit.
Il s’assit en boule criant : « Au secours, j’ai peur. »
Mais le soir même, tout le monde était reparti.
Il n’y avait personne pour le tirer de sa torpeur.
Il resta ainsi toute la nuit, incapable de bouger.
Observant le moindre mouvement suspect.
Sans dormir, en priant le ciel de le protéger.
Il tenait sa hache avec les deux mains et fit le guet.
Au petit matin, ses amis furent très étonnés
de le trouver apeuré, caché sous une couverture.
Ils le prirent dans leurs bras pour le rassurer
et le ramenèrent chez eux enfourchant leur monture.
La frayeur ne l’avait pas épargné aussi courageux qu’il fût.
Elle est humaine et nous protège des menaces.
Il aurait dû crier très fort et s’encourir mais il s’est abstenu.
Son corps a souffert car la peur non évacuée laisse des traces.
Heureusement que la vie guérit les blessures.
Avec le temps, l’Indien apprend à gérer ses angoisses.
Petit à petit, il construit une nouvelle armure
qui le protègera afin que plus jamais rien ne le froisse.