LES DÉTOURS DU TORTILLARD

La locomotive de fer parcourt le village.
L’attraction badine avec tous ses chérubins
et à chaque détour, éclaire leurs visages.
Le théâtre mobile du nouvel arlequin.

Depuis toujours, elle chauffe, avance en tête.
Grand dignitaire, battante et motivée.
En équilibre, elle gravit la ligne de faîte
Tirant les wagonnets jusqu’à l’arrivée.

Tellement certaine et fougueuse, aucun obstacle.
Les œillères la protègent du regard malheureux.
Mais tiendra-t-elle sans écouter l’oracle ?
Celui qui annonce la fin, déclin ténébreux.

Elle déploie toute sa puissance. Quelle robustesse !
Et épate ses concurrentes qui la jalousent.
La sueur ruisselle sur son front de déesse.
Les joues rougies par l’effort, pauvre petite arbouse.

Vidée, la machine olympienne s’arrête d’un trait.
L’armature s’écroule, l’esprit échiné s’endort.
Dans le terrain vague, elle rouille désormais.
Non rapiécée, elle fait donc, partie du décor.