LE VESTON BOUTONNÉ À L’ENVERS
Ce matin, j’ai boutonné mon veston à l’envers.
Suzette a dit bonjour à mes cheveux et à mon dos.
J’étais bien ennuyé alors j’ai fait marche arrière,
me cognant à tous les meubles ; un véritable fiasco !
Heureusement, j’ai un rétroviseur à ma bicyclette
car rouler en sens inverse n’est pas une mince affaire.
J’ai pédalé de toutes mes forces en retournant ma casquette
pour rester incognito jusque chez la boulangère.
Elle était probablement surprise de me voir sans yeux
mais je ne peux le dire puisque je ne l’ai aperçue.
« Tiens, voici ton pain, coquin. » Elle a dû croire à un jeu.
Pourtant c’était du sérieux, je me suis mal vêtu.
À la plaine de jeux, je ne me suis pas trop amusé.
Du toboggan j’atterrissais sur mon arrière-train.
Mes bras étaient endoloris, tournés du mauvais côté.
Mon château de sable ressemblait à un théâtre d’arlequins.
C’est en passant à table que je me suis senti impuissant.
À califourchon sur ma chaise, j’ai su que j’étais en péril.
Un silence absolu régnait, c’était déconcertant.
Soudain une voix tonna «Patate, t’as fini de faire l’imbécile ? »
Heureusement maman m’a délivré de mon veston.
Elle l’a déboutonné et fixé à l’endroit.
La vie est bien plus plaisante dans la bonne direction…
J’ai enfin pu souffler et retrouver mon sang-froid.