LE PARADIS DES TISSUS MULTICOLORES
Je suis allé acheter des tentures pour ma chambre.
Quelle ne fut ma surprise en franchissant le pas de la porte !
Un peu comme quand j’ai goûté pour la première fois le gingembre.
Des kilomètres d’allées, pleines de tissus de toutes sortes.
Waaaouw ! Trop génial. Cela devait être le paradis.
Mais maman a dit qu’il fallait beaucoup de sous.
C’était juste un peu d’enchantement sans quoi ce serait gratuit.
Un univers peinturluré sur un air de froufrous.
Aujourd’hui, j’avais carte blanche.
C’est moi qui pouvais choisir mes rideaux.
Mais maman me tenait par la manche,
je m’agrippais comme Tarzan aux rouleaux.
A chaque étoffe qui me plaisait bien,
elle trouvait quelque chose à redire ;
trop terne, trop chargé, trop enfantin.
Elle ne cédait à aucun de mes désirs.
Quand j’ai trouvé la perle rare, le textile de me rêves,
celui avec les motifs des tortues ninjas imprimés ;
elle fit non de la tête, une décision très brève.
Un refus catégorique à ne pas négocier.
Alors, j’ai compris devoir passer par un compromis.
Dépité, j’ai pensé à tous nos points communs.
La nature, la musique, les gâteaux et les amis.
Mon dévolu s’est porté sur un tissu opportun.
Nous peinons d’habiter au centre ville,
au cœur de la pollution et du béton armé.
C’est pourquoi j’ai pointé une matière qui a du style,
gaufrée d’un gazon chargé de luminosité.
Maman a eu la larme à l’œil, elle était conquise.
Quelle idée de génie, tu es malin mon poussin.
Il ne lui faut pas grand-chose pour qu’elle soit surprise !
N’empêche, c’est les ninjas pour lesquels j’avais le béguin.
Nous avons payé à la caisse avec une petite carte.
Maman a dit « ça fait mal au porte-monnaie ».
J’ai posé un bisou en promettant un morceau de tarte,
celui qui nous guettait dans la vitrine pour fins gourmets.