L’AUTOPSIE POÉTIQUE
La cigogne survole la ville étoilée
Le silence règne sur la parole éteinte.
Les ondes la mènent vers des terres éloignées
que l’enfançon n’aura point atteintes.
Une page blanche se dessine, pure, limpide.
Le patrimoine génétique est la seule estampille
ayant marqué le petit être fragile, candide;
le calice de la fleur qui émoustille.
Mal an, bon an, le chérubin observe, touche.
Au gré du temps la page s’emplit de mots, de rimes.
Les cicatrices naissent de diverses escarmouches;
l’éducation module ses valeurs les plus intimes.
Le périanthe fini domine du haut de sa tige
à travers les champs multicolores qui le bordent.
La force du vent, les intempéries, le vertige,
écornent la page et les lettres débordent.
L’orchidée s’épanouit, l’éphèbe s’éveille.
Le libre arbitre l’envahit, les questions foisonnent.
La main la déracine et la jette dans la seille
où l’oxygène manque, la belle flétrit et frissonne.
A force de volonté, le damoiseau guide
la contingence du vivant. Il serine les expériences
qui aboutissent à la clairvoyance avide
de contrôler désormais son humble existence.
Un souffle emporte la page vers d’autres contrées,
les doigts délicats repiquent la plante putride
dans le verger destiné au preux chevalier.
La nouvelle impression des vers qui président.
Ayant tout acquis, il peut être bon prince
et soigner la patte de son fidèle destrier
pour rencontrer sa belle que plus rien n’évince.
L’ingénuité du poème fleurit le foyer.