L’AMOUR D’ALPHONSINE
Je connais une dame à la grosse poitrine.
Elle porte toujours des robes pleines de cœurs.
Elle rigole et s’appelle Alphonsine.
Sa peau lisse dégage une bonne odeur.
Je l’apprécie car elle est doucette.
Quand elle me dit bonjour elle me serre fort.
Dans sa poche elle cache des sucettes
qu’elle m’offre sans raison, je l’adore.
Je ne dois pas faire d’effort pour qu’elle m’aime.
Elle me dit que je suis son poussin
ou son lapin ou son chou à la crème.
Je crois qu’elle boit un peu trop de vin…
Elle m’explique les choses, celles que je ne comprends pas.
Je peux tout lui raconter, jamais elle ne me juge.
Même si j’ai commis une erreur, elle ne se fâche pas,
ni quand je suis méchant ni quand il y a du grabuge.
Alphonsine dit qu’elle a beaucoup vécu.
Alors, elle connaît bien l’être humain.
Elle chuchote qu’il est fragile et têtu,
et qu’il faut lui tendre la main.
« Souviens-toi que nous sommes tous petits,
nous ne sommes pas des Dieux » répète-t-elle sans cesse.
« Alors, pardonne la charogne, ma brebis,
éloigne-toi d’elle, c’est une âme en détresse ».
Grâce à elle je me sens exister.
J’ai l’impression d’être un roi puissant,
ou un preux et vaillant chevalier,
avec une armure invincible de gagnant.