LA TONTE DES MOUTONS
Bêêê bêêê attention, il arrive… tous à la queuleuleu.
Le tondeur s’assied sur le tabouret de la bergère.
Tels de petits nuages, les moutons s’agitent, nerveux.
Bêêê bêêê, tenez-vous prêts à perdre votre robe d’hiver.
Bzzz bzzz, la machine s’enclenche prête à raser.
Les brebis entament une chanson de groupe :
Bêê bêê, voilà le printemps, au revoir pelage frisé.
Bzzz bzzz, les lames mécaniques découpent.
En attendant leur tour, les béliers battent les cartes.
Les agneaux les observent envieux et fascinés.
Le berger brandit de gros chiffres sur une pancarte.
Bêê bêê, il paraît qu’il peut en tondre huit cents sur une journée.
Nu comme un ver, le troupeau retrouve ses pâturages.
Bêê bêê, je me sens léger comme une plume.
Bêê bêê, regardez-moi, je m’élève d’avantage.
Tous jouent à saute-mouton sans leur costume.
Des tonnes de laine couvrent le sol de la bergerie.
Les toisons sont comprimées dans des paquets,
les ballots chargés et transportés vers les industries
où de petites mains tricotent des chandails et de chauds bonnets.