LA CHÈVRE ESSEULÉE DE LA FERME ISOLÉE
A un piquet de fer il t’a attachée.
Tous les jours tu l’attends, il te sustente.
Un jour, un autre encore un avant le couché.
Tout n’est que répétition, ardeur absente.
La solitude dans cette ferme isolée.
Pas le moindre bruit d’oisillon, de cigale.
Le silence suinte comme une page tournée.
Tu renifles les effluves du néant qu’il exhale.
A chaque crispation, ton cœur se réveille.
Aujourd’hui peut-être l’amour renaîtra
de la rencontre avec une pie au teint vermeil
ou avec un serpent au bel aura.
L’espoir te maintient en vie, les paupières lourdes
tombent. L’âme s’envole au –delà de toute limite.
La volonté te guide hors de la falourde.
Tu es posée comme un vase lourd de néphrite.
C’est alors qu’un bulldozer atomise la ferme.
Te voilà détachée de la chaîne clouée.
Le linceul se dérobe de ton corps inerme.
L’énergie frétille petite chèvre ressuscitée.