FRISBEE LE BIGOUDI
Oh la la ! Bouclettes, frisettes, crêpages de chignon.
J’en ai plein les bottes de cette corvée quotidienne.
Accroche-cœurs, anglaises, frisottis. Je dis non !
Des années sur toutes les têtes. Eh bien, qu’elles s’abstiennent !
Cheveux mauves, cheveux gris, cheveux verts, cheveux blancs.
Shampouiner, sécher, boucler, mettre en plis.
Peignes, brosses, sèche-cheveux, casques, quel boucan !
Je veux faire mes valises et retrouver l’appétit.
Moi, j’aime le vent, les oiseaux, les papillons,
le ciel bleu, la chaleur d’un rayon de soleil,
l’arc-en-ciel qui chapeaute les badauds et leur capuchon.
Moi, j’aime les pieds qui sautent dans les flaques non pareilles.
Ma vocation à moi est de voler, oui, voler !
Ma circonférence augmente à rester immobile,
à chauffer et chauffer encore à longueur de journée.
Je suis tout décrépit, avachi dans ce fournil.
Cela fait des mois que je m’entraîne la nuit.
Dès que le salon dort et que le silence règne,
je déploie des efforts assidus mais ne fais aucun bruit.
Je prends mon envol sans que mon poids ne me retienne.
Car j’ai un plan ingénieux qui me sortira d’ici.
Au premier bambin qui se lassera d’attendre,
je bougerai mon popotin dans une danse réussie,
et, hop, il m’agrippera et ne me rendra plus.
À moi les brises, le zéphyr, fini les crolles,
Je serai enfin Frisbee le Bigoudi.
Accompagner les poches et enfin toucher le sol.
Je me ferai la belle, adieu cheveux, je vous le dis !