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Contes pour grandir

LE DRAGON SE RÉVEILLE

LE DRAGON SE RÉVEILLE

Quand je suis en colère, c’est plus fort que moi.
Je me transforme en dragon qui crache du feu,
qui brûle tout sur son passage, un orage qui foudroie.
Un monstre hideux qui hurle, qui jure, « Morbleu ! ».

J’écarquille les yeux sanguinolents
et avec un regard tuant, j’effraie l’agresseur.
Celui qui m’a provoqué, défié, le méchant.
Celui à qui maintenant, je fais peur.

Je suis à cran et m’abandonne au courroux.
À l’intérieur de moi tout est en ébullition.
Pour me calmer pourtant, il ne faut pas beaucoup,
un sourire, des excuses, un peu d’affection.

Alors, l’affreuse hydre devient toute petite
car il ne lui faut que peu d’amour pour disparaître.
Mon rival et moi nous nous réconcilions vite.
Apaisés et soulagés, notre amitié peut renaître.
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L’ORANGE FAIT DU TRAMPOLINE

L’ORANGE FAIT DU TRAMPOLINE

Une deux… une deux… la Banane s’entraîne pour la course.
Une deux… une deux… encore quelques enjambées.
L’Orange la voit et lève le pouce.
Bravo cher ami, je vois que vous persévérez.

Oui je pense être prêt pour les Jeux olympiques.
Et vous ? Quelle est votre discipline ?
Du neuf cette année. Point de saut à l’élastique
mais un sport plus surprenant : le trampoline.

Ha… Ha… Vous vous jouez de moi ?
Non, non, je suis sérieuse, un saut et triple salto.
Ma très chère, votre esprit divague.
Vos rondeurs ne vous mèneront pas très haut !

Sachez cher Monsieur que mes rondeurs, comme vous dites,
ne m’ont jamais freinée pour atteindre le sommet.
Mes performances sont une véritable réussite.
Laissez vos préjugés au vestiaire et faites vos lacets !

Et hop. En équilibre, l’Orange bondit pieds joints
au centre du trampoline telle une balle de tennis.
Elle effectue trois loopings dont la Banane est témoin.
Et avec un large sourire, elle termine ses exercices.
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LES CARABISTOUILLES

LES CARABISTOUILLES

Oh que c’est laid les carabistouilles !
Quand elles sortent de la bouche, je les regrette.
Quand j’en raconte, je reviens bredouille
car personne n’aime quand je dis des sornettes.

Oh qu’elles sont vilaines les carabistouilles !
Elles abîment les relations entre amis.
Quand je mens, j’ai l’air d’une andouille
et je casse la confiance qu’ils m’ont consentie.

Oh qu’elles m’agacent les carabistouilles !
Elles nous plongent dans un tourbillon
où la vérité d’une histoire se brouille,
où l’autre nage en pleine confusion.

Oh, je ne raconterai plus de carabistouilles !
Les balivernes me font sortir de mes gonds.
Quand j’en entends, j’ai la tête comme une citrouille.
Il faut être honnête pour que l’amour soit bon.

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LE PETIT CŒUR DONT IL MANQUAIT UNE MOITIÉ

LE PETIT CŒUR DONT IL MANQUAIT UNE MOITIÉ

C’était un petit cœur qui ne battait plus très fort.
Le chemin de la vie l’avait torturé.
Il avait construit autour de lui un château fort
et personne n’arrivait encore à le dompter.

Cela avait commencé quand tout petit,
il perdit des êtres proches auxquels il était attaché.
Deux petits bouts de ventricule gauche étaient partis.
C’est comme si un alligator l’avait croqué.

Plus tard, son petit chat avait disparu.
Cela le fendit et il éclata à nouveau.
Une bouchée de plus pour le crocodile aux dents pointues.
Une collection de larmes formant un ruisseau.

Un jour, il dut faire ses adieux à tous ses amis
Car il déménageait pour un autre village.
Depuis, il ne restait plus qu’une moitié affaiblie.
Pour la chauffer, il se cachait sous un gros lainage.

Son petit bout de nez coulait abondamment.
Il n’appréciait plus les fou-rire dans la rue.
Son regard visait le sol, il marchait clopin-clopant.
Tous ses deuils l’avaient désenchanté, il se croyait vaincu.

Et pourtant, le cœur est un organe puissant.
Il peut aller à la guerre et revenir balafré.
Il suffit de le nourrir d’amour pour qu’il redevienne grand.
Pour se battre robustement et se remuscler.

C’est ainsi que le petit cœur dont il manquait une moitié
rencontra un autre petit cœur brisé qui l’enflamma.
Cela lui remit du cœur au ventre pour se ranimer.
Il put alors à nouveau s’en donner à cœur joie.
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LE PETIT POLICIER DORT AU CARREFOUR

LE PETIT POLICIER DORT AU CARREFOUR

Les feux de signalisation ne fonctionnent plus.
Un petit policier règle la circulation.
Il est posté au milieu de quatre rues.
Un carrefour plein d’automobilistes et de piétons.

Pour arrêter les voitures, il lève le bras.
Comme quand je veux poser une question en classe.
Sa main fait deux petits tours de manivelle ou trois
pour que les véhicules avancent ou le dépassent.

Il est bien fatigué tout seul pour tout ce travail.
Dans la pollution et le bruit de la ville.
Ses paupières lourdes, il ne sent plus ses bras et baille.
Et s’étire comme un gros matou en clignant des cils.

Les voitures roulent dans tous les sens, les klaxons claironnent.
Bientôt le carrefour est encombré et le chaos s’installe.
«Tuut tuut » « Pouêt pouêt » « Dring dring », mais lui ronronne.
Couché sur le bitume, il entame une sieste dominicale.

Tout à coup un bruit énorme le sort de ses rêves.
« BOUM ! » c’est un monstrueux carambolage.
Un camion a perdu sa cargaison de ballons.
Plus de peur que de mal, mais quel embouteillage !

Aïe aïe aïe, le petit policier est bien embêté.
Comment va-t-il réparer cette erreur ?
Les milliers de balles rebondissent de tous côtés.
Hmmmm, que faire dans cette galère? pense-t-il songeur.

Je connais son angoisse car il vit dans ma tête.
C’est lui qui me dit : « Stop et réfléchis! »
Lorsqu’il s’endort, des tas d’ennuis me guettent
car alors je fais des bêtises et je suis puni.

C’est pourquoi je tente de le garder bien éveillé
pour qu’il me guide dans mes actions.
Ainsi, il m’aide à me concentrer
et préserve l’harmonie à l’école et à la maison.
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UN MONSIEUR BARBU DORT DANS LA RUE

UN MONSIEUR BARBU DORT DANS LA RUE

J’ai vu un Monsieur qui dort dans la rue.
Il était tout sale, très triste et gris.
Alors j’ai demandé pour héberger ce barbu.
Mais papa ne peut sauver tous les démunis.

Ce n’est vraiment pas juste, c’est un être humain.
Je sais mon cœur, c’est compliqué et horrible.
Le monde ne tourne pas rond et est parfois mesquin
et certaines situations restent inadmissibles.

Allons lui apporter de quoi goûter et une couverture.
Un grand sourire lui donnera un peu de chaleur.
Un mot doux réconforte dans les moments durs
mais je ne peux prendre la place du sauveur.

Les bases de la société doivent absolument changer.
Pour cela il faudrait éveiller tous les habitants.
Leur rappeler que si l’un souffre, nous allons tous y passer.
Et qu’il est temps d’investir dans un monde bienveillant.

Mais papa, nous avons de grands musées, plein de places,
des châteaux vides, des églises, des cathédrales.
Oui, mon poussin, tout cela est pour une autre classe,
celle à qui cela importe et gère le capital.

Si tu veux changer les choses, investis en toi.
Réussis ta vie, sois heureux, plein d’énergie.
Fais en sorte que tu participes aux choix.
Et surtout, garde tes valeurs et ton empathie.

Tu pourras alors changer ce qui peut être changé.
Agir là où tu peux agir et trouver des solutions.
Pour que chaque individu ait le droit d’exister
et que personne ne campe plus sur un paillasson.

Tout petit je rêvais d’une vie sans inégalité
où toute personne mangerait à sa faim quel que soit son parcours.
J’ai voulu changer ce qui est, mais n’y suis pas arrivé.
Ce qui importe est de continuer dans l’amour.

Car chaque action est une petite pierre à l’édifice.
Celui de la transformation, celle qui vise à nous unir,
à éradiquer la pauvreté et l’injustice.
Pour que certains d’entre nous arrêtent de souffrir.
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L’AMOUR D’ALPHONSINE

L’AMOUR D’ALPHONSINE

Je connais une dame à la grosse poitrine.
Elle porte toujours des robes pleines de cœurs.
Elle rigole et s’appelle Alphonsine.
Sa peau lisse dégage une bonne odeur.

Je l’apprécie car elle est doucette.
Quand elle me dit bonjour elle me serre fort.
Dans sa poche elle cache des sucettes
qu’elle m’offre sans raison, je l’adore.

Je ne dois pas faire d’effort pour qu’elle m’aime.
Elle me dit que je suis son poussin
ou son lapin ou son chou à la crème.
Je crois qu’elle boit un peu trop de vin…

Elle m’explique les choses, celles que je ne comprends pas.
Je peux tout lui raconter, jamais elle ne me juge.
Même si j’ai commis une erreur, elle ne se fâche pas,
ni quand je suis méchant ni quand il y a du grabuge.

Alphonsine dit qu’elle a beaucoup vécu.
Alors, elle connaît bien l’être humain.
Elle chuchote qu’il est fragile et têtu,
et qu’il faut lui tendre la main.

« Souviens-toi que nous sommes tous petits,
nous ne sommes pas des Dieux » répète-t-elle sans cesse.
« Alors, pardonne la charogne, ma brebis,
éloigne-toi d’elle, c’est une âme en détresse ».

Grâce à elle je me sens exister.
J’ai l’impression d’être un roi puissant,
ou un preux et vaillant chevalier,
avec une armure invincible de gagnant.
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Contes pour grandir Poèmes pour enfants

DES RIMES ET DES BULLES (poème)

DES RIMES ET DES BULLES

La rime sonne comme une note dans la tête.
Elle nous plonge dans notre moi profond.
Dans le monde du rêve, une contrée douillette
au fin fond de notre imagination.

La bulle s’envole gracile et lisse.
Elle reflète l’arc-en-ciel, les couleurs.
Elle nous envoûte comme un feu d’artifice.
Elle s’approche et nous touche droit au cœur.

La rime ne s’oublie pas, elle donne la mesure.
Elle se fredonne tout au long de la journée.
J’utilise chacune de ses courbures
pour transmettre l’émotion des messages citronnés.

Les bulles me font rire, elles éclatent.
Elles effectuent un voyage surprenant.
Elles me font penser au duvet, à l’ouate,
à la joie que je ressens en jouant.

Les adultes ont oublié la place qu’elles occupent.
Moi, des bulles, je veux en faire toute la vie.
Moi, des rimes, je veux en apprendre au centuple.
Car les rimes et les bulles, c’est comme les cajoleries.