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L’ASPIRATEUR AVALEUR DE FANTÔMES

L’ASPIRATEUR AVALEUR DE FANTÔMES

J’ai toujours des petits fantômes autour de moi.
Le premier est gentil et me guide dans les bonnes actions.
Le second est méchant, ce qu’il me souffle est sournois.
Et le troisième, en colère, se fâche avec disproportion.

Quand le méchant et le colérique me titillent,
je vais chercher l’aspirateur, le « Brone ».
J’allume le moteur et comme si je lançais une torpille,
je dégaine le suceur et délimite ma zone.

Alors, armé de mon avaleur de fantômes,
tout à coup, elles ne m’approchent plus ces mauviettes.
Elles font bien moins les malignes face à ce binôme.
Je ne suis plus leur proie, c’est moi qui tiens la baguette.

Vrrrrouou. Vrrrrouou. Slurp ! Et voilà, j’en ai un.
Celui de la colère, le plus vil de tous.
Il me suit partout et a un mauvais parfum.
À cause de lui, mon cœur se courrouce.

Vrrrrouou. Vrrrrouou. Slurp ! C’en est fini du second.
Engloutis, gobés, ingurgités !
Ombres crétines, odieux bouffons.
Ha. Ha. Je vous ai eu zombies malfamés

Il ne reste alors plus que le gentil fantôme.
Celui-là, je le garde, il me rend bienveillant.
Apaisé, je me bonifie dans son royaume.
Celui de l’altruisme où le mal est absent !
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DAME KANGOUROU BLEU

DAME KANGOUROU BLEU

Madame Kangourou bleu, lors d’un bond astronomique,
croisa Monsieur Koala qui se frotta les yeux.
Il hurla dans une tentative allégorique :
« Une Schtroumpfette en Australie ou suis-je diablement bigleux ? »

Non, non, Monsieur, détrompez-vous, je suis un kangourou.
Mais, je suis bel et bien bleue, point d’orange pour moi.
Saperlipopette, le ciel vous est tombé sur le caillou?
Votre pauvre mère a dû mettre bas avec effroi !

Ma mère, Monsieur, fut la plus comblée des marsupiaux.
Quatre pattes vigoureuses, une queue de belle allure,
des épaules très larges et un minois des plus beaux.
Sachez que je compte parmi les plus charmantes créatures.

Ne dit-on pas : « sang bleu » pour la noble héritière,
« fleur bleue » pour la tendre, sentimentale avant tout ?
Sans compter « cordon bleu » pour la bonne cuisinière.
Alors ? Éblouissante, et différente, je vous l’avoue.

Madame, il est vrai que j’en reste comme deux ronds de flan.
Face à vous, je me sens désormais bien ordinaire !
Permettez que je vous offre ce joli ruban.
Une perle bleue dans la brousse, c’est extraordinaire !

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LA GUITARE PLEURE

LA GUITARE PLEURE

Le chef d’orchestre fait danser sa baguette du bout des doigts.
Les instruments reprennent pour la dixième fois le même morceau.
Ils se retournent tous avec de gros yeux vers le rabat-joie.
À chaque tentative, la guitare plonge dans de gros sanglots.

Elle n’a pas la force de jouer la symphonie, son cœur saigne.
Tout au plus un requiem mais ses cordes gémissent de douleur.
Elle a perdu sa mère la contrebasse, les lumières s’éteignent.
Et le sentiment de solitude qui l’envahit lui fait peur.

Oh, Dame contrebasse avait bien perdu la tête
et depuis longtemps déjà l’archet ne l’accompagnait plus.
La guitare savait que c’était la fin de l’interprète.
Condamnée ou non, elle l’avait toujours connue.

Rien ne l’avait préparée à la perte d’un être cher
et elle pense à tous ces instants de bonheur, des jours précieux.
Aux tempêtes également, aux moments de souffrance, de galère.
Les fois où elle l’avait détestée où elle prenait feu.

Ce n’était qu’un instrument et la vie n’est pas éternelle.
Mais, elle aimait imaginer que sa mère serait toujours là.
La contrebasse lui avait donné le jour à Bruxelles,
et appris les secrets de la musique qu’elle vénéra.

Aujourd’hui, tout paraît gris, sa caisse est vide et son corps froid.
Le soleil s’éloigne, ne subsiste plus que le chagrin.
Ses cordes crient et son manche tremble fissurant le bois.
Elle n’aspire plus qu’à dormir, après-midi et matin.

Le temps guérit les blessures et le soleil refait surface.
Mais les instruments sont fragiles et les coups de vent les bousculent.
Heureusement que ses congénères la soutiennent pour faire face.
L’amour est le meilleur des remèdes quand l’existence bascule.

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LA FRÊLE GAZELLE SE TRANSFORME EN HYÈNE

LA FRÊLE GAZELLE SE TRANSFORME EN HYÈNE

Elle vivait dans la peur. Des années à fuir les menaces.
Frêle, légère, elle avait appris à courir à toute allure.
Elle atteignait une vitesse qui dépassait celle des prédateurs voraces.
Elle devait se méfier de toute autre créature.

Sa vie prit enfin une autre tournure
à la naissance de son petit faon.
Ce n’était plus d’elle qu’il s’agissait mais de sa progéniture.
Il fallait le protéger d’autant plus qu’il était très différent.

Ses pattes étaient trop arquées, il ne pouvait bondir.
Cela le ralentissait et le mettait dans l’embarras.
Oh, maman gazelle avait bien tenté de l’endurcir…
mais rien n’y faisait, elle désespéra.

Elle se mit à réfléchir, « je suis dans une impasse.
Nous, les gazelles, nous devons fuir, nous sommes impuissantes ».
C’est ce que ses parents lui avaient appris, c’était sa place
d’être en bas de la chaîne, la proie des races dominantes.

Et s’ils l’avaient trompée ?
Si elle n’était pas impuissante ?
C’est ce qu’on lui avait toujours inculqué.
Mais il y avait sûrement une variante.

Elle décida de prendre le taureau par les cornes.
À la prochaine agression, je ne serai plus une proie.
Je surprendrai mon attaquant et serai en pleine forme.
Je bondirai pour qu’il recule, il aura peur de moi.

Plus jamais, la gazelle, au danger ne se déroba.
Elle mena une vie paisible dans les steppes africaines.
Les méchants n’osaient plus l’affronter car elle gagnait les combats.
On la savait aussi forte et terrifiante qu’une hyène.
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LE CHAMEAU A PERDU UNE BOSSE

LE CHAMEAU A PERDU UNE BOSSE

Bonjour Monsieur le dromadaire. Quelle journée n’est-ce pas ?
Je ne suis pas un dromadaire, je suis un chameau !
Un chameau à une bosse ? Je ne suis pas si naïf que cela !
Si vous l’êtes. Vous vous fiez à vos yeux qui vous mènent en bateau.

Figurez-vous qu’hier soir, avant de me coucher,
j’ai déposé mes bosses sur la table de nuit.
Et ce matin, quelle ne fut ma surprise de constater
que l’une d’entre elles avait disparu. Quel ennui !

Ah… mais attendez, ceci explique cela.
Je crois connaître la clé de l’énigme.
Ce matin, mon cousin, en pleine bérézina,
bégayait, il s’exprimait par borborygmes.

Un cha… cha… un… meau… meau… trois… trois… bo… bosses.
Je ne comprenais pas et crus qu’il avait trop bu.
Un cha… cha… meau… meau… à… à… trois bosses.
C’est cela, je lui dis, retourne te coucher et reviens détendu.

Il n’y a tout de même aucun mal à bégayer.
Non, mais un chameau à trois bosses me paraissait étrange.
Un chameau à trois bosses, bien sûr, j’aurais dû m’en douter.
Ma femme a perdu ses lunettes… oh, mon Ange.

Elle ne sait certainement pas qu’elle porte une bosse de trop.
Il faut que j’aille la prévenir de toute urgence.
Merci très cher, ayez le coup d’œil, vous éviterez les imbroglios.
Je m’en vais, de ce pas, régler cette négligence.
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L’INDIEN COURAGEUX A PRIS PEUR

L’INDIEN COURAGEUX A PRIS PEUR

Dans une forêt dense peuplée de serpents et de grands ours,
l’Indien dansait autour du feu brandissant sa hache.
Oïe oïe Ouh… Oïe oïe Ouh. Dans le ciel brillait la Grande Ourse.
Oïe oïe Ouh… Oïe oïe Ouh. Il sautillait avec panache.

N’importe quel autre Indien tremblerait comme une feuille,
dans le noir, seul, au cœur du danger sauvage.
Oïe oïe Ouh… Oïe oïe Ouh mais lui ne fermait pas l’œil.
Oïe oïe Ouh… Oïe oïe Ouh et frétillait avec courage.

Le feu crépitait dans le silence de la nuit.
Une chouette hululait par intermittence.
Ouh ouh… ouh ouh, l’indien s’arrêta sans faire de bruit.
Une branche avait craqué au loin, il stoppa sa danse.

Dans l’obscurité, il vit de petits yeux qui brillaient.
Figé, attentif, les oreilles percevant le moindre son.
Il sentit de l’électricité dans ses jambes qui tremblaient.
Son corps glacé était parcouru par de gros frissons.

C’était la frousse qui le rongeait petit à petit.
Il s’assit en boule criant : « Au secours, j’ai peur. »
Mais le soir même, tout le monde était reparti.
Il n’y avait personne pour le tirer de sa torpeur.

Il resta ainsi toute la nuit, incapable de bouger.
Observant le moindre mouvement suspect.
Sans dormir, en priant le ciel de le protéger.
Il tenait sa hache avec les deux mains et fit le guet.

Au petit matin, ses amis furent très étonnés
de le trouver apeuré, caché sous une couverture.
Ils le prirent dans leurs bras pour le rassurer
et le ramenèrent chez eux enfourchant leur monture.

La frayeur ne l’avait pas épargné aussi courageux qu’il fût.
Elle est humaine et nous protège des menaces.
Il aurait dû crier très fort et s’encourir mais il s’est abstenu.
Son corps a souffert car la peur non évacuée laisse des traces.

Heureusement que la vie guérit les blessures.
Avec le temps, l’Indien apprend à gérer ses angoisses.
Petit à petit, il construit une nouvelle armure
qui le protègera afin que plus jamais rien ne le froisse.
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LE CRAYON GÉANT

LE CRAYON GÉANT

Dans une région au confins du Sahara
est un village où vit une tribu de crayons.
L’un d’entre eux n’est pas comme les autres. Il se nomme Mara
C’est un géant, plus impressionnant qu’un lion.

Mara fait fuir les autres à son passage.
Il est gigantesque et sa mine très pointue
Pourtant son cœur est un tout petit nuage
Tout doux, il a tellement d’amour à mettre à nu.

Un jour, tout triste il s’assied sur un rocher.
Comment changer? Longuement, il réfléchit:
« Que dois-je faire pour être heureux et accepté? »
C’est alors qu’une idée lui traverse l’esprit.

Mara décide de partir pour un lointain voyage.
Au-delà de toute galaxie. Au bout de l’univers.
Je trouverai une planète peuplée par des sages
Où l’acceptation de l’autre sera élémentaire.

La fusée décolle, Mara à son bord.
A travers le hublot il voit les étoiles.
Chacune d’elles constitue un trésor.
De petites ampoules qui clignotent sur la toile.

Il atterrit sur une planète pourpre.
Quelle étrange atmosphère se dit-il.
Le calme règne et la lumière m’empourpre.
A distance, il aperçoit quelque chose de mobile.

Un énorme coquillage avance tranquillement.
Bonjour lui dit-il. Je m’appelle Spire.
Qui es-tu ? Portes-tu un déguisement ?
Non je suis un crayon, tu me fais rire.

Je suis à la recherche de la clé du bonheur.
Celle qui fera de moi un crayon aimé.
Sur la terre, ma taille induit la peur.
Aurais-tu l’outil qui pourra me tailler ?

Si je repars petit, je serai comme les autres.
Ils ne fuiront alors plus à ma vue.
Spire lui prend la main. Tu es des nôtres !
Suis-moi et sois la bienvenue.

Mara visite son village, très étonné.
Mais vous êtes tous tellement différents.
Oui, lui dit Spire, ici rien n’est ordonné.
Chacun sa place, point de concurrent.

Tu trouveras des cônes, des tubes, des spirales.
A chacun sa fierté. Ils savent se rendre utile.
Certains construisent de belles cathédrales.
D’autres aident les moins agiles.

Ce que tu me dis me parle beaucoup.
Je crois comprendre comment faire pour être aimé.
Il est temps pour moi de repartir. Tout est moins flou.
Vite, les moteurs, je m’en vais les actionner.

Mara traverse à nouveau l’univers avec la même curiosité.
Le voyage est une aventure dont il se rappellera toujours.
La joie dans son cœur s’est installée.
Maintenant il pense à sa tribu, désireux d’être de retour.

Plusieurs semaines se sont passées depuis son arrivée.
Aujourd’hui, Mara est ami avec tous les crayons.
Il colorie le ciel au-dessus des regards émerveillés.
Tous l’aiment pour la joie qu’il procure dans l’action.

Quel plaisir de dessiner les nuages.
Voilà pourquoi je suis né grand.
Personne d’autre ne pouvait atteindre cet étage.
C’est le bonheur de prendre sa place et faire partie du clan.
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LE CHANTEUR DISTRAIT

LE CHANTEUR DISTRAIT

Au milieu de la scène, tous les regards se tournent vers lui.
Les musiciens l’attendent car il n’est pas prêt.
Une mouche vole autour du chanteur étourdi
qui observe la parade d’un air stupéfait.

Bzz… bzz… bzz… la mouche tourbillonne, voltige.
Bzz… bzz… bzz… elle a de gros yeux vert émeraude.
Bzz… bzz… bzz… plein de poils et donne le vertige.
Bzz… bzz… bzz… et une petite robe à la mode.

Ouououh… crie le public en attente du chanteur distrait.
Le groupe lui fait signe pour qu’il revienne sur terre.
Ouououh… les huées augmentent devant l’artiste niais.
Les joueurs s’inquiètent de cette pause passagère.

Le chanteur atterrit et entame le premier couplet.
L’audience se calme et écoute attentivement
les mélodies du jazz dans ce beau cabaret
et la jolie voix qui offre tout son talent.

Mais au premier refrain, le chanteur s’arrête à nouveau.
Un petit trou dans son pantalon attire son attention.
Avec le doigt, il investigue le vêtement en lambeaux,
chatouille la peau visible et rit des sensations.

Il relève les yeux et quitte la planète Mars.
Mais la salle est vide, il est seul, plus un chat.
Abasourdi, abandonné, il croit à une farce.
Mais il n’en est rien. La prochaine fois, il ne se dissipera pas.
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LE DRAGON SE RÉVEILLE

LE DRAGON SE RÉVEILLE

Quand je suis en colère, c’est plus fort que moi.
Je me transforme en dragon qui crache du feu,
qui brûle tout sur son passage, un orage qui foudroie.
Un monstre hideux qui hurle, qui jure, « Morbleu ! ».

J’écarquille les yeux sanguinolents
et avec un regard tuant, j’effraie l’agresseur.
Celui qui m’a provoqué, défié, le méchant.
Celui à qui maintenant, je fais peur.

Je suis à cran et m’abandonne au courroux.
À l’intérieur de moi tout est en ébullition.
Pour me calmer pourtant, il ne faut pas beaucoup,
un sourire, des excuses, un peu d’affection.

Alors, l’affreuse hydre devient toute petite
car il ne lui faut que peu d’amour pour disparaître.
Mon rival et moi nous nous réconcilions vite.
Apaisés et soulagés, notre amitié peut renaître.
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L’ORANGE FAIT DU TRAMPOLINE

L’ORANGE FAIT DU TRAMPOLINE

Une deux… une deux… la Banane s’entraîne pour la course.
Une deux… une deux… encore quelques enjambées.
L’Orange la voit et lève le pouce.
Bravo cher ami, je vois que vous persévérez.

Oui je pense être prêt pour les Jeux olympiques.
Et vous ? Quelle est votre discipline ?
Du neuf cette année. Point de saut à l’élastique
mais un sport plus surprenant : le trampoline.

Ha… Ha… Vous vous jouez de moi ?
Non, non, je suis sérieuse, un saut et triple salto.
Ma très chère, votre esprit divague.
Vos rondeurs ne vous mèneront pas très haut !

Sachez cher Monsieur que mes rondeurs, comme vous dites,
ne m’ont jamais freinée pour atteindre le sommet.
Mes performances sont une véritable réussite.
Laissez vos préjugés au vestiaire et faites vos lacets !

Et hop. En équilibre, l’Orange bondit pieds joints
au centre du trampoline telle une balle de tennis.
Elle effectue trois loopings dont la Banane est témoin.
Et avec un large sourire, elle termine ses exercices.